Il arrive parfois
qu'on tombe sur un groupe dont on n'a jamais entendu parlé, qu'on
écoute son dernier LP d'une oreille distraite et qu'on se retrouve
avec son nouveau groupe fétiche. Tout simplement.
The Austerity
Program c'est facile, c'est deux types et une boite à rythmes et
Beyond Calculation est une suite de huit morceaux plus ou
moins longs. On sent tout de suite que quelque-chose de pas très
habituel se passe quand on écoute pour la première fois. Puis
suivent deux cents autres sans qu'on comprenne vraiment pourquoi. Car
The Austerity Program est insidieux et malin, il garde son morceau le
plus accessible et le plus mélodique pour le placer en fin d'album,
s'arrange pour en faire une claque ultra addictive, te forçant par
là à remettre le disque au début, encore et encore.
Pire. L'écoute
répétée rend l'impact de ces quelques titres de plus en plus
frontal. Cette rythmique simple et répétitive qui joue avec la
mesure, doublée par une guitare appuyant la frappe, te découpe la
tête patiemment en 38 petites minutes à l'aide d'un rasoir rouillé
et taché de graisse. Tout cela te laisse pantelant, simple corps
idiot cherchant à retrouver sa petite tête et ses esprits, dans le
but assez incompréhensible d'avoir l'intelligence nécessaire pour
rappuyer sur lecture. Et de te refaire couper en deux, comme ça pour
le plaisir, ad vitam æternam.
Un disque court,
coupant et sale, du noise-rock qui réussit à ne pas sonner comme
mille autres groupes par la magie jouissive d'une boite à rythmes,
une recette si simple qu'on reste surpris qu'elle fonctionne aussi
bien. Il n'en fallait finalement pas plus pour tenir une nouvelle
marotte qui fait du bruit en cassant de l'os.
"Tout est bruit pour qui a peur". Sophocle
Pose ton cartable, mets un disque et sois cannibale.
Merci beaucoup pour cette découverte, encore une fois !
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